Considérer le Kenwood Model 500 comme un énième amplificateur intégré commun des 70’ serait une grosse erreur. Je vais vous expliquer tout cela lors la restauration d’un bel exemplaire.
Le Kenwood Model 500 est un appareil rare, il partage des caractéristiques sensiblement identiques au Kenwood Model 600 (et 650, couleur différente) qui sont des amplificateurs tout aussi rares. Ils partagent tous le même manuel technique.
Ceux qui apprécient particulièrement les Kenwood font souvent le rapprochement avec Accuphase, puisque cette marque a été créé par des anciens de chez Kenwood.
De mon point de vue, ce n’est pas quelque chose à mettre particulièrement en avant, Accuphase comme Kenwood ayant fait de bons appareils et d’autres qu’il vaut mieux oublier.
Non, il faut s’intéresser particulièrement à ce qui est mis en œuvre dans les appareils et l’écoute de ceux-ci.
Le Model 500 est un double mono avec une très généreuse alimentation. Sa puissance de sortie de 2x100w sous 8 ohms (très conservatrice, nous verrons cela plus tard) pourrait être atteinte avec une mise en œuvre bien plus légère.
Le réglage de volume/balance se fait à l’aide d’un potentiomètre double ALPS à 8 cages, d’environ 8cm de long, un monstre.
L’étage phono fait appel uniquement à des transistors jfet, et il n’y a que 6 transistors bipolaires par canal pour le reste la section préampli, le reste utilisant également des jfet, tout cela est bien mis en oeuvre et cela s’entend parfaitement bien.
L’entrée sur l’étage de puissance se fait sur un double jfet Sony encapsulé dans un boitier métallique afin de garder une température constante et donc une dérive la plus faible possible.
Le Kenwood Model 500 n’est hélas pas un appareil parfait. Son assemblage dans un châssis bien rempli le rend très difficile d’accès pour la plupart des circuits. L’usage de wrapping rend les manipulations délicates, particulièrement sur les circuits de préamplification.
Intervenir dans cet appareil demande de mettre au point un plan d’action clair, au risque de se retrouver coincé. Ce n’est absolument pas un amplificateur à mettre dans toutes les mains.
Enfin, le nombre de composants introuvables en cas de panne (les fameux jfet principalement), le réserve à des utilisateurs conscients que c’est un appareil qui peut devenir très problématique.
L’exemplaire visible ici est en bel état. A noter, quelques marques sur la façade et les boutons, un bornier HP en mauvais état, un réglage de courant de repos sur un canal ayant fortement dérivé et le faisant inutilement chauffer, un relais de protection qui provoque des pertes de son aléatoire.
Sachant que ma mission va être rude, et pour me mettre en jambe, je m’attaque au plus simple, les borniers HP 🙂
Afin de garder un appareil 100% exploitable, je décide de garder les trois sorties présentes. Le faible espace disponible me dirige naturellement sur des borniers à pinces, montés sur un support costaud.
Voici ma technique pour atteindre le relais de protection HP : retrait des transistors de puissances du canal gauche, retrait d’une bonne quantité de vis afin de faire pivoter délicatement vers le bas le radiateur. Cela libère de la place pour glisser un long tournevis pour desserrer la bride qui maintient les deux condensateurs de filtrage du canal gauche dont j’ai dessoudé les fils auparavant. Ensuite on retire les condensateurs en question ce qui permet de faire pivoter suffisamment le circuit qui maintient le relais pour le dessouder.
Et oui, il ne se laisse pas faire le Kenwood !
Le relais est dans un état curieux. Les contacts sont comme d’habitude oxydés, mais vous noterez la position très « aléatoire » des pattes.
J’ai tenté de les redresser mais je n’y suis pas arrivé, il n’y a pas de jeu, et je ne suis arrivé qu’à briser légèrement le morceau de plastique noir.
Pas le choix, il sera remplacé par un relais tout neuf, visible à gauche.
J’en profite également pour mettre en place les deux nouveaux condensateurs de filtrage du canal gauche.
Voici le circuit « driver » gauche. On peut y voir le « blindage » de l’étage d’entrée. Présence de trois résistances ajustables, une pour le courant de repos, et les deux autres pour le réglage grossier puis fin de l’offset.
De par le soin apporter à ces circuits, un Model 500 en bon état doit pouvoir être ajusté parfaitement avec 0mv DC en sortie HP une fois l’appareil à température de fonctionnement normal.
Circuit révisé. Les quelques condensateurs chimiques sont remplacés, de nombreux transistors partent à la retraite (références possiblement problématiques avec l’âge) tout comme les résistances ajustables. Les transistors drivers montés sur radiateurs reçoivent de la graisse fraiche. Toutes les soudures sont vérifiées et refaites en cas de doute.
Les transistors de puissances ont été testés, nettoyés, puis remis en place sur des micas neufs et de la graisse fraiche.
Le canal droit reçoit des soins identiques en tout point.
Passons maintenant au seul circuit démontable facilement, l’alimentation.
C’est d’ailleurs assez curieux que ce soit le seul circuit monté sur connecteur, sachant qu’il doit fournir toutes les tensions importantes, la qualité du connecteur en question est primordiale.
C’est le circuit habituellement problématique du Model 500 et celui-ci n’échappe pas à cette critique.
Les quatre transistors en bout de carte sont astucieusement placés en haut du circuit et sont donc ventilés par les ouvertures du capot, mais c’est insuffisant. Les soudures sont en mauvais état et les deux petits condensateurs chimiques souffrent.
Tous les condensateurs chimiques sont donc remplacés. Les quatre transistors en question également. Les nouveaux sont fixé à des radiateurs afin de limiter la température et éviter ainsi tout problème de fiabilité lié à la chaleur.
Toutes les soudures sous ce circuit sont refaites.
La moitié du boulot est fait. Il faut maintenant s’occuper de la section préamplificateur.
Les boutons (aluminium, pas de plastique) et la façade (très épaisse) sont retirées.
Ensuite, on retire la plaque supportant tous les circuits et commandes.
C’est la SEULE manière de procéder sur cet appareil. Toute autre façon de faire est risquée à cause des dizaines fils wrappés sous les circuits.
L’énorme double potentiomètre de volume/balance est bien visible.
Très concentré sur cette partie de l’intervention ou une petite erreur peut ruiner plusieurs heures de travail, je n’ai pas pris de photos réellement exploitables pour le site, lors du remplacement de tous les condensateurs chimiques présents sur ces circuits.
J’ai bien sur profité de l’absence de façade pour nettoyer toutes les commandes.
Tout est délicatement remonté, tous les circuits reprennent leur place attitrée.
Sous l’appareil, les condensateurs de filtrage, désormais à vis, sont reconnectés. Les résistances de décharge/équilibrage sont remplacées.
Courant de repos et offset ajustés, terminé !
Les mesures sur entrée Aux :
Distorsion à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Distorsion à 2x100w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
L’appareil est spécifié pour une puissance de 2x100w sous 8 ohms, avec une dht inférieure à 0.08%. A 2x140w sous 8 ohms, il est toujours bien en dessous de la dht maximum prévue à 2x100w…
Distorsion à 2x150w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat. Toujours pas à l’écrêtage mais on s’en rapproche. kenwood a été très généreux 🙂
Distorsion d’intermodulation à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Distorsion d’intermodulation à 2x100w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat, loudness activé, quatre niveaux différents.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat, filtres activés.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat, « présence » activé sur 3khz puis 800hz.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, correcteurs au mini puis au maxi (150hz et 6khz).
Rapport signal bruit à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Rapport signal bruit à 2x100w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Les mesures sur entrée phono :
Distorsion à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono, tone defeat.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono, tone defeat.
Rapport signal bruit à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono, tone defeat.
Rapport signal bruit à 2x100w sous 8 ohms, entrée phono, tone defeat.
Les mesures à l’oscilloscope :
Signal carré à 100hz, 1khz, 10khz et temps de montée à 10khz. 1w en sortie sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Et si vous faisiez réparer et/ou réviser votre Kenwood ? : L’atelier Audiovintage
Merci beaucoup pour toutes ses précieuses informations … Intéressant de découvrir dans les entrailles de cet amplificateur comment les ingénieurs de l’époque ont aborder la hi-fi.
Cela me fera regarder différemment certains appareils japonais, autrement que le nième assemblage de transistors pour répondre à l’appétit consommateur des public.
Idem pour moi… Merci pour toutes ces informations !