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J'ai eu la chance d'être un des premiers à répondre à l'annonce, de pouvoir aller les chercher tout de suite car la dame voulait finir de vider sa maison très rapidement.
Comme les haut-parleurs étaient d'origine et le prix intéressant, je n'ai pas hésité.
Cette série d'enceinte je les avais entendues à l'époque (fin des années 70) et j'en avais gardé un bon souvenir, quelque chose d'assez proche des Advent.
J'ai d'ailleurs été surpris quand la dame m'a dit avoir reçu beaucoup d'appels concernant ces enceintes, et même des surenchères, mais comme c'est une dame bien, elle n'a pas changé son prix.
Pour leur retraite, ce couple quittait leur très grande maison pour une plus modeste, et donc se séparait de beaucoup de choses dont ces enceintes.
La petite demie heure qu'a duré cette rencontre a été très plaisante. Il y avait beaucoup de nostalgie chez cette dame au moment de quitter cet endroit et ces instants sont devenus poétiques.
Parce que vous, vous imaginez que si des enceintes sont lourdes c'est à cause des Hp, du bois, du matériel à l'intérieur de l'enceinte, et vous vous trompez, car de la discussion avec cette dame, est venue la réponse, si évidente et si belle.
Le poids des enceintes est fait de toutes les musiques que l'on a écoutées grâce à elles, de tous les souvenirs attachés à ces instants magiques.
Et celles-ci sont très lourdes, et elles restituent l'âme de toutes ces musiques passées entre ses membranes en jouant aujourd'hui.
Alors, bien sûr, la mousse bleue des boomers était à changer, mais ça n'a pas été très compliqué de trouver les bons ingrédients.

Ce sont des enceintes closes très bien finies au niveau du coffre, équipées très simplement.
Un 10 pouces pour le grave.

Un tweeter muni je ne sais pourquoi d'une grille metéallique (que j'ai coupée pensant qu'esthétiquement ce serait mieux puis recollée difficilement. )

Et pas de filtre, un simple condensateur 2.7pF , un peu comme les Sansui en fait.
Un potentiomètre permet de baisser le niveau du tweeter jusqu'à -10db
( je le laisse sur 0, je me demande si je ne vais pas le débrancher)
Et l'écoute me direz-vous ?
La première comparaison s'est faite avec le HK401 et les Sansui SP30.
Le HK car il permet d'écouter les 4 enceintes ensemble ce que ne permet pas l'Akai avec lequel c'est A ou B pas les deux en même temps.
Cela m'a permis de juger médium et aigu pour lesquels les SP30 sont une bonne référence je pense.
Ecoute des deux paires ensemble puis des Jensen seules pour entendre si des détails disparaissent.
Résultat: avec les Jensen le médium recule, il ne manque rien mais c'est comme si les chanteurs, les instruments de ce registre reculaient de quelques pas.
Pourtant il ne manque aucun détail, j'ai fait de nombreux tests et tout est bien là, mais moins mis en avant.
L'aigu des SP30 est un peu plus fin, moins "clinquant" mais c'est de l'ordre du détail minime et cela ne s'entend que sur certains instruments. La résonance d'un triangle par exemple semble mieux maîtrisée par les SP30. Les cymbales sont peut-être plus claires sur les SP30.
Pour le reste, il n'est pas utile de comparer les deux enceintes, elles ne sont pas comparables. Les SP30 sont magnifiques sur de très petits ensembles, type quatuor à cordes, ou guitare et voix, tout ce qui est purement acoustique et qui ne descend pas trop bas.
Dans la configuration Akai AA5510, Jensen, que ce soit avec les cd ou les vinyls en source, j'ai retrouvé des orchestres symphoniques qui ont du corps, Le Concertgebouw d'Amsterdam sonne toujours aussi majestueusement, sur Tchaikovsky ; Kubelik pour la 4 de Bruckner fait chanter son orchestre.
Les contrebasses, bassons ont retrouvé leur place, et même dans les passages complexes, l'enceinte ne se mélange pas les membranes.
L'image est belle, ( la pièce n'est pas grande) stable.
La Callas préfère sans doute les SP30, mais l'orchestre est beaucoup plus réaliste avec les Jensen et les voix sont quand même très belles même si elles sont moins mises en avant.
Et puis, quand même, j'écoute plus de Rock que d'autres musiques, même si cela dépend des périodes.
La basse de Gallup sur le Faith des Cure est enfin revenue gronder dans ce bureau.
Mais le grave ne vient pas étouffer le reste du spectre. L'écoute reste équilibrée.
Richard Bona, avec le superbe album Reverence vient habiller la pièce de jolies couleurs, les enceintes s'effacent, ne reste que la musique et la joie qui parcourt ce disque. Les percussions sont justement timbrées, rythmées, la basse ronronne, la voix caresse.
Le grave est présent sans être baveux ou envahissant, on suit sans problème les mouvements de la main des contrebassistes.
Avec les Who, la folie de Keith Moon ne vient pas noyer la basse d'Entwistle dans une bouillie informe, la guitare de Townshend est mordante à souhait et la voix de Daltrey est bien présente.
Alors non ce ne sont pas les meilleures enceintes du monde, elles ressemblent en fait pas mal aux Advent. (large) Même construction sérieuse, elles ont un peu la même signature sonore, un grave propre qui descend bas, un médium détaillé mais un peu en retrait et un aigu fin, pas clinquant (ni soyeux comme les anglaises) mais net et précis sans être agressif. ( le fried egg des Advent était plus fin et plus précis sans doute).

( les tableaux servent à cacher les fils en attendant de trouver des pieds qui vont bien, et puis, comme il n'y a plus de place sur les murs, ils sont mieux là qu'entassés ailleurs..)
Pour les petites formations de jazz ou les quatuors à cordes, ce sont les SP30 qui chantent, mais pour tout le reste, je prends beaucoup de plaisir à écouter ces Jensen.