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15-Les oubliés du R'n'R : " Bill HALEY "

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hencot
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15-Les oubliés du R'n'R : " Bill HALEY "

Message par hencot »

BILL HALEY

La jeunesse d'un ringard absolu

Le plus gros tube de toute l'histoire du rock'n'roll est Rock "around the clock (""Rock autour du cadran"") de Bill Haley. Aucun autre disque de rock ne s'est vendu à autant d'exemplaires (plus de vingt-cinq millions, d'après Le Livre Guinness des records). Cette chanson est l'hymne populaire qui symbolise les années cinquante depuis maintenant un quart de siècle, du film The Blackboard jungle à la série télévisée des années soixante-dix Happy days ("Les jours heureux") .Il peut paraître étrange, dans ces conditions, de faire figurer Bill Haley parmi les héros oubliés du rock'n'roll, mais, en vérité, c'est pour ce qu'il a fait avant Rock around the clock, et non pour cette chanson idiote, qu'il mérite de rester dans les mémoires.
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William John Clifton Haley naquit le 6 juillet 1925 à Highland Park (Michigan). A l'âge de sept ans, il partit avec sa famille s'installer à Wilmington (Delaware) .
Peu de temps après, il se fabriqua une guitare et commença à en jouer . A treize ans, il obtint son premier emploi rémunéré, exerçant ses talents musicaux dans une foire locale pour un dollar par soirée. Deux ans plus tard, il quitta ses parents et se fit engager comme chanteur de hillbilly dans divers groupes de la Pennsylvanie profonde."
A Hartford (Connecticut), Haley fit la rencontre d'un groupe de country appelé The Downhomers - "les Ploucs du Sud" -, qui avait récemment perdu un de ses membres, Kenny Roberts, parti faire son service militaire. Haley remplaça Roberts, et quand les Downhomers gravèrent un disque intitulé We're recruiting ("On recrute") chez Vogue en 1944, il eut enfin quelque chose à raconter quand il écrivait pour donner de ses nouvelles.
Après avoir quitté les Down Homers, Haley travailla comme disc-jockey sur la station de radio WSNJ de Bridgeport (New Jersey), où il était connu sous le nom de Yodeling Bill Haley - "Bill Haley le Yodeleur". En 1948, il franchit le fleuve Delaware et passa chez WPWA, une station de Chester (Pennsylvanie), dont il resta le directeur musical jusqu'en 1954· Le groupe qu'il forma après s'être installé à Chester, Bill Haley & the Four Aces of Western Swing - "Bill Haley et les Quatre As du Western Swing" -, grava ses premiers disques pour la firme locale Cow­ boy en 1948. Il s'agissait, pour l'essentiel, de reprises de tubes country récents tels que Candy kisses ("Baisers sucrés") de George Morgan, Tennessee border ("La frontière du Tennessee") de Red Foley ou Too many parties, too many pals ("Trop de fêtes, trop de copains") de Hank Williams.
En 1949, après avoir fait un disque pour Center (une autre firme locale), Haley rebaptisa son groupe Bill Haley & the Saddle-Men et enregistra sous ce nom deux disques pour la firme Keystone. En septembre de cette même année, il réussit à vendre les matrices à Atlantic, la firme de New York, qui commercialisa Why do I cry over you ("Pourquoi est-ce que je pleure sur toi ?") et I'm gonna dry ev'ry tear with a kiss ("Je vais sécher chaque larme d'un baiser"), sans grand effort promotionnel et sans grand succès.
Jusqu'en 1950, tous les enregistrements de Haley furent des disques de country ordinaire, dans la tradition mielleuse du western swing. Mais, en 1951, il commença à délaisser la musique country. Il se débarrassa du chapeau de cowboy qu'il portait depuis l'époque de Bill Haley le Yodeleur, et commença à soigner son apparence de mec branché ou, plus exactement, de mec branché résidant à Chester, Pennsylvanie. Il arrangea sur son front, à grand renfort de salive, un accroche-cœur. Il enfila une veste de soirée aux couleurs criardes. Il se regarda dans son miroir et vit que cela était bon.
Lorsque Bill Haley et ses Hommes à Cheval signèrent chez Holiday - "Jour Férié" -, une firme de Philadelphie dirigée par Dave Miller, en 1951, le premier disque qu'ils enregistrèrent fut une reprise de Rocket 88 (""Fusée 88""), une chanson d'une dureté inouïe interprétée par Jackie Brenston & his Delta Cats , numéro un du classement rhythm'n'blues un peu plus tôt dans l'année. (Beaucoup plus tard, Sam Phillips, qui avait produit le disque de Brenston et l'avait cédé à la firme Chess, s'avisa que Rocket 88 avait été le premier véritable succès du rock'n'roll.)
Même si certains des enregistrements réalisés pour Holiday penchaient davantage vers la country que vers le rhythm'n 'blues - comme son Jukebox cannonball ("Le boulet de canon du juke­ box") de 1952, qui collait assez maladroitement des paroles ""branchées"" sur Wabash cannonball (Le boulet de canon de Wabash ) de Roy Acuff -, la plupart des efforts de Haley en 1951-1952 s'inspiraient des succès récents du rhythm'n'blues. En 1951, il grava, en duo avec une chanteuse dont l'histoire n'a retenu que le prénom, Loretta, des reprises du Pretty baby ("Jolie poupée ") des Griffin Brothers et du I 'm crying ("Je pleure") de Memphis Slim .Ces deux enregistrements restent ce qu'il a fait de meilleur.
Haley commença à enregistrer pour Essex, une autre firme dirigée par Dave Miller à Philadelphie, en 1952. C'est à ce moment-là qu'il appela son groupe Bill Haley & his Comets voire, sur certains des disques sortis chez Essex, Bill Haley with Haley's Comets , histoire, je suppose, d'être bien sûr que tout le monde avait compris.
Le premier disque lancé par Essex fut lcy heart ("Cœur de glace"), manifestement inspiré de Gold, cold heart ("Cœur si froid"), dont Hank Williams avait fait un tube l'année précédente. Mais la face B de lcy heart était Rock the joint (" Ça secoue dans la boîte (de nuit)"),rock'n 'roll sauvage et fougueux qui n'était pas seulement une reprise d'un tube de rhythm'n'blues (la version originale, par Jimmy Preston, était sortie chez Gotham, une autre firme indépendante de Philadelphie), mais l'une des premières fois où un jeune Blanc plongeait au cœur du vrai truc.
Bill Haley obtint son premier tube au printemps 1953. Crazy, man, crazy ("Dingue, mec, dingue") atteignit la quinzième place du classement pop, la première étant occupée par Song from Moulin Rouge ("Chanson du Moulin Rouge") de Percy Faith. Il y avait déjà eu des disques de rock'n'roll dans le classement pop avant cette date, depuis 1951 et le Sixty-minute man ("L'homme de soixante minutes") des Dominoes; mais Crazy, man, crazy fut le premier tube de rock blanc. L'ennui, c'est qu'il n'était - et de loin - ni aussi bon ni aussi sincère que Rock the joint. En l'espace d'une année, Bill Haley, l'un des premiers rockers au visage pâle, était devenu le premier rocker décadent du show-biz. En d'autres termes, il avait déjà accompli toute l'histoire du rock'n'roll deux ans environ avant que le rock'n'roll ne fasse parler de lui.
Crazy, man, crazy fut l'argument principal qui décida Decca à engager Haley en 1954. Le 12 avril, à New York, il grava avec ses Comètes ( Were gonna) Rock around the clock . Cette chanson avait été écrite en 1953 par deux vieux routiers du music-hall, le parolier Max Freedman et le compositeur Jimmy DeKnight. Freedman, né en 1895, avait écrit Sioux City Sue ("Sue de la ville des Sioux") et Song of India ("Chanson de l'Inde"). DeKnight s'appelait, de son vrai nom, James Myers, de chez Myers Music, un éditeur musical new-yorkais. Haley le connaissait depuis la fin des années quarante et avait enregistré plusieurs de ses chansons en ces temps reculés.
(We're gonna) Rock around the clock sortit sur la face B de Thirteen women ("Treize femmes") en mai 1954. Malgré une pleine page de publicité dans Billboard, le disque passa inaperçu.
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Haley retourna en studio et enregistra une reprise du Shake, rattle and roll ("Remue, agite-toi et balance-toi") de Joe Turner, qui était sorti en avril et s'élevait rapidement dans le classement rhythm'n'blues. La version de Haley vit le jour en juin 1954· Le numéro de Billboard daté du 7 août comportait une publicité pour ce disque; Decca y présentait Haley et ses Comètes comme ""le groupe rythmique 'le plus secouant' ( rockingest) de tout le pays".
(Ce même numéro de Billboard comportait également la première recension du premier simple d'Elvis, enregistré un mois plus tôt.) Shake, rattle and roll se hissa dans les dix premières places du classement, mais cela ne changeait rien au fait que c'était un disque médiocre. Haley et les gens de chez Decca avaient honteusement censuré les paroles libidineuses de la chanson originale.
Les deux simples suivants de Haley - Dim, dim the lights ("Baisse, baisse la lumière") et Birth of the boogie ("La naissance du boogie") - furent des tubes et se classèrent dans les vingt premières places. Lorsque le roman d'Evan Hunter, The Blackboard jungle , 1954 (ce roman dont l'auteur est plus connu sous le nom d'Ed Mc Bain est paru en France ,comme le film, sous le titre de Graine de Violence) fut adapté au cinéma, la production engagea Jimmy DeKnight comme conseiller technique. Il repêcha Rock around the clock, qui n'avait pas marché, pour en faire la chanson principale du film. Ce dernier sortit en mars 1955, et le resteappartient, en quelque sorte, à l'histoire.
Bill Haley continua sur sa lancée et fit plusieurs tubes très mineurs chez Decca jusqu'en 1960. Il passa ensuite chez Warner Bros, puis entama sa descente vers l'oubli, jalonnée par des enregistrements pour diverses maisons de disques. Dès la fin de l'année 1955, il était définitivement terrassé par Elvis Presley, dont la gloire continua de croître jusqu'à la fin des années cinquante tandis que la sienne ne faisait que diminuer.
Il ne pouvait en être autrement.
Il mourut fou à Harlingen (Texas), le 9 février 1981.
"Nous utilisons des instruments country & western", notait Haley dans un recueil de partitions de ses chansons paru en 1955, "nous jouons des airs rhythm'n'blues, et le résultat est - tenez­ vous bien - de la musique pop".
Cet abruti n'était même pas capable de mettre un nom sur sa musique.
Il n'en reste pas moins qu'il était là le premier, et qu'il a contribué à planter le décor pour Elvis et tout ce qui est arrivé par la suite.
C'est pourquoi Bill Haley, qui a marché parmi nous, mérite, comme tout ce qui fut branché, qu'on se souvienne de lui.
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A suivre Roy HALL
Alain..

Site sur le son et l' enregistrement de Claude Gendre http://claude.gendre.free.fr/
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