
Depuis des semaines, Odile a été exposée, parfois à son insu, à une maladie étrange. L’audio-vintagite. En effet, son amoureux, Yvon, en est déjà atteint depuis un bon moment et il est très contagieux. On a diagnostiqué chez lui plusieurs symptômes de la maladie.
Ainsi, il n’est pas rare, qu’il prononce, sans aucune raison apparente, l’expression « audio vintage » ou une de ses variantes tel, « as-tu vu le look de cet amplificateur ?», ou encore « tu ne trouveras JAMAIS cette qualité et ce design pour ce prix chez Future (magasin d’électronique grande surface) ». Tout ceci, sans compter les innombrables courriels faisant référence à des annonces classées qu’il envoie, chaque jour, à sa compagne. Ces messages ont des titres évocateurs comme « Regarde ce Marantz », « On peut pas laisser passer ce Pioneer », « Merde il est déjà vendu », « Chaine idéale pour toi mon amour», etc.
Mais, il y a aussi l’envers de la médaille. Parfois, elle doit le consoler lorsqu’il se remémore le jour fatidique où, il y a quelques années, il a jeté son fameux Sony TA-F3A aux poubelles. On n’a pas fini d’en entendre parler de cette histoire. Ou cette autre, où, en pleine nuit, croyant voir apparaître le TA-F3A, il ramasse un Pioneer au rebut.
Heureusement, Odile, semble immunisée à tous ces vecteurs du virus. Elle est une femme mature et rationnelle. En fait, c’était vrai jusqu’à vendredi dernier. Car, comme Achile, elle a un talon… elle aime écouter la radio FM. Hier, un premier symptôme grave de la maladie est apparu dans l’appartement d’Odile. Vêtu d’aluminium et de bois de rose, un Beomaster 2400 de Bang & Olufsen est maintenant bien en place sur le buffet en teck de la salle à dîner.
Comme elle trouve agréable d’effleurer les commandes tactiles de l’appareil pour en augmenter ou en baisser le volume. Les voyants lumineux en forme de signe crescendo et decrescendo ne sont pas pour lui déplaire non plus puisque qu’elle est copiste de métier. Pour sa part, Yvon, aime bien les cinq mémoires programmables. Ainsi lorsque la musique ne lui plait pas sur une station, d’un simple toucher il peut passer à une des quatre autres mémorisées. Les deux s’entendent aussi pour dire que le son du 2400, avec les enceintes Mission Model 70 MK II, est d’une clarté incroyable. Assez puissant, avec ses 30 W par canal, pour être agréable à écouter à fort volume dans une grande pièce. Toutefois, devoir trouver un adaptateur RCA à DIN 4 pour y brancher un autre appareil est un léger inconvénient. Aussi, l’antenne semble anachronique sur cet appareil à l’allure futuriste.
Malgré cela, Odile s’en tire tout de même à bon compte. 250 $ à l’achat(env. 195 €), comprenant la paire d’enceinte (pas tout à fait vintage) et 10 $ pour le transport d’urgence en taxi. Si elle ne devait pas survivre à l'audio-vintagite, Yvon serait l’héritier de ce système.