Je m'excuse par avance auprès de nos amis modérateurs. En effet, l'appareil que j'avais envie de vous présenter ici ne cadre pas à 100% avec la rubrique TSF mais historiquement parlant, je pense qu'il peut quand même avoir sa place, tant il fait partie intégrante de la grande histoire de la reproduction du son et par extension de l'histoire de la haute-fidélité.
Car c'est en partie grâce à l'existence de ce type d'engin que les amateurs de vinyle écoutent chaque jour leur précieuses galettes de polychlorure.
Avant le microsillon... le sillon !
Dans les années 1870, c'est un français, un certain Charles Cros dont le nom est aujourd'hui associé à une académie destinée à promouvoir l'enregistrement sonore, qui a inventé semble-t-il le principe d'un appareil de reproduction des sons qu'il nomma paléophone. Son idée suggérait que les vibrations sonores pouvaient être gravées dans du métal à l'aide d'un crayon rattaché à une membrane vibrante, et que, par la suite, en faisant glisser un stylet rattaché à une membrane sur cette gravure on parviendrait à reproduire le son initial. (cf : Wikipedia)
Presque en même temps, le célèbre Thomas Edison, inventeur et entrepreneur de génie, repris en partie l'idée du français tout en la magnifiant. La gravure dans le métal fut remplacée par une gravure dans des cylindres de cire durcie et la reproduction fut confiée à une pointe de lecture associée à un diaphragme tandis que l'amplification du son était réalisée au moyen d'un cornet ou d'un pavillon. Le phonographe était né.

Les premiers modèles "industriels" sortirent aux alentours des années 1888 mais d'un cout élevé, ils étaient réservé à une élite. 150 $ en 1891 par exemple.
Au terme d'une nouvelle décennie, le prix des phonographes dégringola pour devenir presque abordable avec l'avènement du "Home phonograph" sorti en 1896 et dont le cout avoisinait les 30 $.

C'est ce modèle que je vous présente ici. Il s'agit d'une "early version" datant vraisemblablement, d'après le numéro de série et d'autres détails, d'avant 1898.
Le principe mécanique est celui d'un "moteur" dont la vitesse de croisière est de 120 tours/ minute. ce dernier est lancé au moyen d'une manivelle qui va, comme pour les mécaniques d'horlogerie, comprimer un ressort pour activer une sorte de "mouvement perpétuel". Une fois lancé, le mouvement va alors, via courroie d'entrainement faire tourner un axe sur lequel est placé le cylindre de cire destiné à être lu par la tête de lecture appelée "reproducer". Cette dernière est constituée d'une pointe dure type saphir et d'un diaphragme qui en vibrant produit un son.

Ces premières séries étaient capables de lire un cylindre enregistré de 2 minutes. Plus tard, à partir de 1908, les phonographes Edison furent upgradés de manière à lire des cylindres de 4 minutes.

La production de cylindres dura jusqu'en 1929 mais dès les années 1912, la compagnie Edison fut seule sur ce terrain abandonné par les autres industries telles Colombia qui préféra la technologie du disque plat. L'histoire se répète toujours... souvenez vous du combat bétamax / VHS dans les années 70 ou celui du BlueRay / HDDVD il n'y a pas si longtemps..

Inutile bien sur de vous préciser que ce "home phonograph" est parfaitement fonctionnel même si quelques détails sont à améliorer, comme le fait de retrouver une poulie d'entrainement inférieure dont une des branches est cassée, ou une vis de réglage du reproducer qui est absente.
Techniquement, je suis bluffé par le génie déployé sur ce type d'appareil tant l'inventivité de la mécanique est indéniable. Un bien bel objet en vérité, qui a toute sa place parmi ses illustres descendants...




